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Expérience de la contre-culture Punk Hardcore
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Expérience de la contre-culture Punk Hardcore

Les meilleurs albums Punk Hardcore du Midwest

Des greniers à blé aux grandes villes érigées autour de l'industrie lourde, la grande région du Midwest est le cœur sociologique des Etats-Unis, ancrée dans la réalité, prolétaire et conservatrice. Historiquement nourrie par la musique Rock, l'Amérique de base a trouvé son écho dans le Punk Hardcore qui en a repris l'esprit. Voici le tour d'horizon des meilleurs groupes et albums qui ont établit la légende du Hardcore du Midwest !
Detroit
Detroit

1. Meatmen – Blüd Sausage EP (1982)

Pour beaucoup, l’Etat du Michigan et en l’occurrence Detroit a eu la première scène Punk, menée par des artistes urbains influents comme Iggy Pop And The Stooges et The MC5.

Provenant de Lansing et lancé en 1979, Meatmen a été l’un des groupes phares de la scène Punk Hardcore de Detroit, porté avant tout par le rôle de moteur et catalyseur qu’a joué son chanteur Robert « Tesco Vee » Vermeulen. Plus âgé de six ou sept ans que la plupart de ses acolytes, des antécédents Punk Rock, un physique imposant et intimidant, il était le rocker ultime !

Il a touché tout le monde avec son fanzine Touch And Go, capturant la naissance et l’émergence du Hardcore de 1979 à 1983 jusqu’à devenir dès 1981 un label indépendant à part entière. Bien Do It Yourself comme chaque région américaine l’a connu !

Sauf qu’au delà de cet aspect, les américains ne brillaient clairement pas par leurs capacités techniques et leur créativité. Jugez un peu le menu sur leur premier EP Blüd Sausage arrivé dans les bacs en 1982 : pochette de mauvais goût, musique du même acabit, paroles infantiles et graveleuses, offensives et hilarantes traitant d’infanticide, de sexualité refoulée ou de beatlephobie !

Crippled Children Suck EP suivra cette même tendance en 1983, avant que la carrière du groupe fasse la girouette, enchainant hiatus et reformations, nouveaux line-ups et pivots musicaux.

Meilleurs titres : Tooling For Anus, 1 Down 3 To Go, I’m Glad I’m Not A Girl.

 

2. Toxic Reasons – Independence (1982)

Dayton, dans l’Ohio, a vu l’arrivée de Toxic Reasons en 1979. Riches d’une tri-nationalité, américaine-canadienne-anglaise, ses fondateurs se sont réunis autour d’une d’une passion commune pour le Punk anglais, en particulier les Sex Pistols, Ramones et Clash.

Après plusieurs singles prometteurs, Toxic Reasons a finalement sorti son tout premier album en 1982, Independence qui est considéré par beaucoup comme un classique du Hardcore du Midwest. En effet, il est à l’image des origines cosmopolites du groupe, mixant une base Punk Hardcore, des lignes de guitares mélodiques, un feeling anglais Oi! omniprésent et des éléments de Reggae.

Le disque est aussi très engagé politiquement, Ed Pittman (avec sa voix de chien anglais !) comparant les années Reagan à l’Allemagne nazie, questionnant le conformisme, le patriotisme, la politique étrangère états-uniennes. Mais pas que, il s’affranchit de l’industrie musicale traditionnelle en sortant sur Risky Records, le jeune label indépendant basé à San Francisco.

Bien que Toxic Reasons ait poursuivi sur une longue carrière, la suite est devenue nettement moins intéressante la faute aux nombreux changements de line up et d’orientation musicale.

Meilleurs titres : Mercenary, Drunk And Disorderly, War Hero, Noise Boys, Riot Squad, Ghost Town, Rally Round The Flag Boys.

 

3. Necros – Conquest For Death (1983)

A Maumee, située à quelques encablures de Detroit, Barry Hennsler et ses camarades lycéens ont débuté Necros en 1979 sur un registre Punk Rock. Mais la férocité du premier EP Nervous Breakdown des Black Flag les a complètement retournés, les amenant a enregistré en 1980 une démo dans le pur style Punk Hardcore. En 1981, Tesco Vee et Dave Stimson (du Touch And Go Zine) ont financé la sortie de quatre de ces titres, regroupés sur l’EP Sex Drive. Le label Touch And Go Records était né !

Une rencontre et amitié nées de la passion commune du magazine (Hennsler gérant Smegma Journal) et qui allaient perdurer avec les excellents disques ultérieurs : I.Q.32 en 1981, l’EP Conquest For Death et la version album du même nom en 1983 dont il est question ici.

Clairement l’album de la maturité contenant treize titres nourris par leurs tournées avec les groupes Hardcore majeurs de Californie et de Washington D.C. : la concision et la rapidité de Minor Threat, Youth Brigade et Government Issue côtoient admirablement la furie des Black Flag et Circle Jerks ainsi que les racines Rock de Detroit.

Le départ du bassiste Corey Rusk pour reprendre Touch And Go Records en 1983 et l’évolution vers un son Metal ont fini par sceller la fin de Necros.

Meilleurs titres : Search For Fame, Tarnished Words, No One, Satisfy, Police Brutality, A.S.F.B., Count Me Out, Friend To All.

 

4. Negative Approach – Tied Down (1983)

Dernier champion de Detroit même, Negative Approach a vu le jour en 1981 sous l’impulsion de son chanteur John Brannon. Nourri à la musique Punk Rock des Stooges, Blitz ou New York Dolls, Brannon a monté Negative Approach après avoir vu les Necros en concert.

Le groupe a accouché de deux disques, pressés et distribués chacun à seulement trois mille exemplaires par Touch And Go Records : à savoir un EP éponyme édité en 1982 puis l’album pépite Tied Down l’année suivante.

Ce dernier fascine par le nombre incroyable de tubes Hardcore qu’il contient, fort d’une variété et excellence rendues possible grâce à son mélange des genres : les fondations sonores se veulent aussi agressives et frénétiques qu’un Black Flag ou S.O.A., auxquelles s’y mêlent les influences Rock tant chéries par Brannon (titres Tied Down, Live Your Life, Dead Stop), Oi! (Nothing, Friend Or Foe) voire même plus Metal (Evacuate).

Au milieu de ce mariage qui produit une véritable machine à hymnes, John Brannon expulse toute sa rage viscérale et son nihilisme dans un déluge d’aboiements rauques, corrosifs et possédés. Gamin allumé, imposant au crâne rasé, il a été à l’origine de la position dure et violente du groupe, servant malgré lui de prototype pour les skins américains à venir. Sa présence intense lui permettait de livrer des prestations scéniques incroyables qui ont largement contribué à la renommée légendaire du groupe.

Lassé que le Punk Hardcore tourne en rond et devienne inintéressant, Negative Approach a jeté l’éponge en 1985.

Meilleurs titres : Tied Down, Evacuate, Said And Done, Nothing, Live Your Life, Dead Stop.

 

5. Die Kreuzen – Die Kreuzen (1983)

S’il n’y a qu’un groupe Punk Hardcore à retenir de l’Etat du Wisconsin, c’est bien Die Kreuzen de l’inhospitalière et industrielle Milwaukee. Aucune origine germanique si ce n’est son nom tiré de la Bible allemande et signifiant « les croix ». Au pluriel donc, la faute à une erreur d’orthographe ! Initialement nommé The Stellas, Die Kreuzen est lancé en 1981 par Dan Kubinski et sa bande.

Après un premier EP Cows And Beer publié en 1982, le combo a livré son album éponyme deux ans plus tard avec le soutien de Touch And Go Records. Un monstre de vingt et une bombes musicales, dont les six de Cows And Beer remises au goût du jour et larguées en tout juste trente minutes. Monstre, car si le premier EP avait contribué à faire évoluer la face du Punk Hardcore des origines, cet album fait preuve d’une identité très marquée, détonante et clivante.

Ses principaux marqueurs ? En 1984, il y avait beaucoup de groupes qui proposaient un Hardcore maniaque par le tempo et la rage, mais peu incorporaient des progressions de guitare aussi riches, complexes et aventureuses. Combinez-les à une section rythmique totalement folle et cisaillée, aux hurlements stridents et déchiqueteurs de Kubinski ainsi qu’à une ambiance générale dissonante et lugubre, et vous obtenez un album remarquable par sa créativité et singularité ! Un disque agressif, abrasif qui influencera les Crossover Thrash, Fastcore et Grindcore à venir !!

Die Kreuzen a poursuivi ses expérimentations musicales jusqu’en 1992, naviguant davantage en territoire Rock Alternatif.

Meilleurs titres : Rumors, This Hope, In School, Enemies, No Time, Pain, Hate Me, Mannequin, Think For Me, Don’t Say Please.

 

6. Zero Boys – Vicious Circle (1982)

Zero Boys est né à Indianapolis en 1979 de l’initiative de Paul Mahern et de ses copains adolescents partageant l’amour des classiques Punk Rock : Ramones, Sex Pistols et des locaux The Gizmos. Après un premier EP Living In The 80s sorti en 1980 et dans la veine musicale de ses idoles, le groupe a viré Punk Hardcore suite à ses pèlerinages réguliers à Chicago où il y a fait l’expérience intense des influents Bad Brains, Dead Kennedys ou encore Black Flag !

Une transformation salutaire car Zero Boys a accouché en 1982 de l’un des albums les plus extraordinaires de la scène Hardcore. A tel point d’ailleurs que le label Alternative Tentacles (Jello Biafra des Dead Kennedys) s’était montré intéressé pour finalement céder sa place au label local Nimrod Records. Vicious Circle impressionne d’emblée par la qualité de sa production, léchée à souhait et n’ayant rien à envier à celle des groupes et albums les plus reconnus.

Rapidement aussi, le disque frappe par la combinaison incroyable de la griffe Rock du Midwest (les solos !!), des mélodies accrocheuses typiques de la première vague Punk Rock, de la vitesse et de la furie politique propres au Hardcore. La bande maîtrise son art sur le bout des doigts et régale avec quatorze titres expédiés en un peu plus de vingt minutes !

Une consistance, richesse et efficacité redoutables, un peu comme si Zero Boys représentait la synthèse et l’aboutissement ultimes de toute la scène Punk Hardcore américaine, alors à son apogée à ce moment là. Le titre New Generation suffira à vous en convaincre…

Comme toute légende qui se doit, Zero Boys a monté sa propre maison de disque Affirmation Label sur laquelle sortira quelques pièces de collection. Puis totalement désillusionné et lessivé, le groupe a jeté l’éponge en 1983 avant deux retours peu concluants au début des années 1990 et 2010.

Meilleurs titres : Vicious Circle, Amphetamine Addiction, New Generation, Civilization’s Dying, Drug Free Youth, Down The Drain, Forced Entry, Charlies’ Place, Trying Harder.

 


D’autres groupes et albums ont également participé à l’émergence du Punk Hardcore dans le Midwest :

  • Necros avec Sex Drive (1981) et I.Q.32 (1981)
  • The Fix avec les furieux Jan’s Rooms (1981) et Vengeance (1981)
  • Negative Approach avec son EP éponyme (1982)
  • Die Kreuzen avec Cows And Beer (1982)
  • Articles of Faith avec le très bon What We Want Is Free (1982)
  • The Effigies avec Haunted Down (1981) et We’re Da Machine (1983) aux relents mélodiques typiquement britanniques (The Ruts et The Stranglers)
  • Meatmen avec Crippled Children Suck EP (1983)
  • N.O.T.A. avec Moscow (1984) et None Of The Above (1985)