Je dois avouer que ma plongée dans l’univers de Section H8 a longtemps été freinée, purement et simplement du fait de leurs artworks de très mauvais goût…oui l’habit ne fait pas le moine, honte à moi !! Celui de cette nouvelle mouture (signé Tyler Bradberry) n’est guère plus engageant, mais l’indéfectible soutien du label Flatspot Records et la hype grandissante autour du groupe (vingt mille auditeurs mensuel sur Spotify) m’ont amené à m’y pencher plus sérieusement.
Alors pourquoi tous les projecteurs sont tournés sur eux ? Déjà ils sont originaires de la légendaire Cité des Anges, le berceau du Punk Hardcore. Un terreau favorable, et qui a été appliqué précédemment avec succès par leurs fondateurs sur d’autres projets musicaux comme Nomads, Downpresser, Minus, Product Of Waste, Human Garbage, Dead Heat et j’en passe.
Section H8, c’est surtout la haine généralisée (H8 = Hate), l’aversion totale pour notre société actuelle où toutes les libertés sont anéanties ! Aucun filtre, aucune règle, du Punk Hardcore négatif joué par un gang d’amis proches agissant de manière unie comme l’aime à le rappeler le charismatique chanteur Mike “Mexi” Torres. Un ADN extrême et marquant qui se matérialise lors de leurs concerts endiablés et bien entendu dans leur musique décrite ainsi : comme si la démo de Cold As Life et l’album Set It Off de Madball avaient couché en enfer et engendré un gang de bébés Punk japonais nourris à Death Side !!
En résumé, chaque disque est un menu parpaing de l’entrée au dessert, et Welcome To The Nightmare compte pas moins de dix plats servis en vingt-cinq minutes (onze avec la piste cachée) ! Soyez-en avertis, la déflagration de rage appellera votre instinct le plus profond et ne vous laissera pas indemne, et ce dès le premier titre Nightmare : des guitares supersoniques, ne parlons-même pas de la section rythmique, accompagnées par des “Who the fuck you think you are?” ravageurs et très Punk, jusqu’à cette deuxième partie beaucoup plus Death Metal, noire, lourde et étonnamment dansante.
Un mélange des genres que l’on retrouve tout du long par la suite et dont voici la meilleure pioche : 100 Seconds, véritable bulldozer avec sa double pédale, ses gang-vocals à ridiculiser ceux de leurs voisins Terror et ses solos épiques ; Track & Field et F.O.A.D. excellent dans l’agressivité, portés par une production monumentale et les aboiements possédés de Mexi ; le bijou Streetsweeper ouvrant sur des sirènes d’urgence avant le festival de riffs et solos bien Punk, accrocheurs et dansants, et qui voit la présence vocale du génialissime Tim Armstrong (Rancid, Operation Ivy) ; enfin Hate impressionne par sa vélocité grandissante, son racé à 1 min 10 et achève cet album (et l’auditeur) sur une moshpart des plus violentes !!
Pour conclure, Section H8 exulte sur Welcome To The Nightmare toutes ses pulsions destructrices. Un album musicalement atypique qui sèmera le chaos dans vos oreilles et en concert !