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Expérience de la contre-culture Punk Hardcore
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Expérience de la contre-culture Punk Hardcore

Le Mosh, l’art de danser le Punk Hardcore

Le Mosh, également appelé Moshing ou Slam Dancing est un style de danse caractérisé par son agressivité, typique des musiques extrêmes comme le Punk et le Metal. Le Punk Hardcore en a fait un véritable art, en voici les origines et les caractéristiques pour devenir la star du pit !
Punk_Hardcore_Flip Shot
Photo : Flip Shot, ©Edward Colver

1. Les origines du mosh

Le premier prototype de danse a été observé du côté d’Huntington Beach, l’un des fiefs californiens qui a vu la naissance du Punk Hardcore en 1979-1980.

Initialement, les participants sautaient, marchaient rapidement ou couraient inlassablement autour de la scène, constituant le fameux circle pit. Mais rapidement s’y sont ajoutés la démarche « pas de l’oie » miliaire, les mouvements de bras et de coudes, menaçant voire frappant les gens à portée. Le Huntington Beach Strut alias H.B. Strut était né, créant la réputation ultra-violente de la côte Ouest !

Une résonance en rien usurpée, les documentaires Another State of Mind, The Decline of Western Civilization ou encore American Hardcore offrent des témoignages concrets de l’intensité animant les shows de cette période.

Le terme mosh trouve lui son étymologie dans la scène Punk Hardcore de Washington D.C. puisqu’il est issu de le chanson « Total Mash » écrite en 1983 par Scream, l’un des énièmes disciples des légendes locales Bad Brains.

Justement, l’expression est à l’origine attribuée à Paul D. Hudson, plus connu sous son pseudo H.R. et son rôle de chanteur des BB, qui utilisait la formule « to mash it up » pour inciter et qualifier la danse sauvage émergeant de la frénésie musicale du live ! Mais trahi par la prononciation et l’accent jamaïcain de H.R., mAsh a laissé progressivement la place à mOsh dans l’usage et le cœur du public !

Plus tard à New York et durant la révolution Crossover Thrash du milieu des années 1980, le terme adopte définitivement sa nouvelle orthographe, propulsé par Vinnie Stigma d’Agnostic Front sur son « March Of The Skin Heads (M.O.S.H.) » ainsi que par Scott Ian et Charlie Benante de Stormtroopers Of Death et Anthrax sur « Caught In A Mosh » !

Au fil des décennies, le style de danse s’est étoffé jusqu’à devenir un élément central et symbolique de la contre-culture Punk Hardcore. Il est l’expression de l’amusement, du lâcher prise émotionnel et physique, une réaction et un feedback positifs de l’audience face au groupe et la musique jouée.

 

2. Les meilleurs mouvements du mosh

Etonnamment, il faudra attendre 1994 pour qu’un clip vidéo illustre et immortalise pour la première fois le Hardcore Dancing : « Step Down » par les new-yorkais Sick Of It All !

En synthèse, on y voit que le mosh s’appuie sur le mouvement des bras, des jambes et du corps, de manière saccadée suivant le rythme de la musique. Le moshing dans le Punk Hardcore diffère sensiblement de celui du Metal ou du Grunge par sa vitesse d’exécution, son agressivité et son approche stéréotypée. En effet, les figures varient en fonction de la structure ou du passage musical, animant la foule de manière cohérente, coordonnée et stylisée.

Car oui le mosh prend tout son sens en concert, se dansant dans le moshpit, une zone de la fosse se situant généralement à proximité ou devant la scène, au centre du public. L’énergie effervescente et le contact physique y sont légion, mettant tout le monde sur le même pied d’égalité !! Evidemment, rien ne vous empêche de le danser dans votre chambre, votre salon ou dans la rue, seul.e ou à plusieurs.

Classic N.Y. Style ou Two-Step

Probablement le plus populaire et amusant, le two-step consiste à pousser son bras à l’opposé de la jambe qui est avancée et à alterner les côtés en rythme avec le tempo. Dérivé du Skank, il en existe de nombreuses variantes suivant les scènes et les villes.

Pickin’ up change

Autre classique, le pickin’ up change donne l’illusion de ramasser de l’argent par terre pour le mettre dans ses poches, ou dans sa version floorpunch de frapper le sol avec ses poings fermés. Dans les deux cas, il est généralement accompagné d’un piétinement sur place, en avant ou sur les côtés. Une autre variante admet de balancer ses bras et ses poings en arrière avec l’intention de frapper quelqu’un !

Windmill

Le moulin à vent, aussi simple que dangereux, est comme son nom l’indique le fait de tourner à l’infini ses bras à 360° en avant ou en arrière de manière asynchrone. Ajoutez-y les moulinets de jambes façon karatéka pour devenir un véritable maître en arts martiaux !

Gorilla

Si vous avez toujours rêver d’être un grand singe, ce mouvement est fait pour vous et consiste à mouvoir le bras de gauche à droite tout en piétinant violemment le sol avec ses pieds.

Cartwheel

La roue sert généralement à lancer une session de mosh, à deux mains ou une main pour les plus voltigeurs ! Pour un effet waouh, insérez-la en préambule d’un wall of death juste avant que les deux murs ne se rejoignent dans une étreinte mortelle !

Crowdkilling

Populaire chez les gros durs, le crowdkilling vise à à percuter intentionnellement les personnes en périphérie du pit. Support Violent Dancing comme diraient certains !

Stage diving et crowd surfing

L’action amène le slammeur à se jeter depuis la scène dans le public dans des figures plus ou moins acrobatiques. Puis il se laisse porté à bout de bras par les spectateurs à tour de rôle, donnant l’impression de surfer littéralement au-dessus de la foule.

Version extrême du stage diving, le head walking consiste à marcher sur la tête du public et avancer aussi loin que possible.

Pile-on

Le pile-on est la communion ultime du public et du chanteur, s’empilant les uns sur les autres pour ne faire qu’un…la scène et le micro appartiennent à tou.te.s !!

 

3. Les conseils pour une pratique en toute sécurité

Le mosh a fait l’objet de nombreuses critiques, mettant en cause sa violence et sa dangerosité pour les participants eux-mêmes tout comme les spectateurs. En effet, des cas rares mais hélas avérés de blessures et de décès ont été reportés ces dernières années.

Pour autant, le public coreux considère le mosh comme une pratique fun faisant partie intégrante du folklore Punk Hardcore.

Voici quelques conseils pour vivre une expérience réussie :

La première, bien choisir et assumer votre position vis-à-vis du moshpit : la norme veut que faire partie du cercle limitrophe revienne à accepter ce qui s’y passe à l’intérieur et de servir de bouclier pour l’extérieur. Tendez régulièrement votre bras en avant pour avertir et garder les ninjas à distance !

Qui dit communauté dit prendre soin les uns des autres : si quelqu’un tombe ou se blesse, arrêtez le mosh et aidez-le. Les comportements sexuels ne sont pas tolérés et doivent être dénoncés, la proximité physique n’étant pas un prétexte pour tâter la marchandise féminine comme masculine.

D’un point de vue logistique, s’habiller en conséquence : posez vos affaires lourdes dans un coin ou aux vestiaires, mettez des vêtements légers et thermorégulateurs avec lesquels vous serez à l’aise. Retirez bien sûr tous vos bijoux et tout ce qui est pointu afin de réduire les risques.

Autre point hyper-important, être dans un état de conscience irréprochable : évitez de boire de l’alcool ou d’ingérer des substances altérant votre perception de vous et des autres, de vos mouvements et vos réflexes. L’eau avant, pendant et après est clairement votre meilleur allié vous assurant par ailleurs une bonne hydratation et endurance.

En conclusion, chacun a droit de pratiquer ou pas le mosh, du moment que ce soit dans le respect des autres. Une règle finalement universelle mais dont dépend le maintien des concerts et la pérennité du Punk Hardcore.

 


Références
Unityhxc, Violent Dancing, How To Be A Jacky In Da Pit
Steven Blush, American Hardcore: une Histoire Tribale
‎Paul Rachman, American Hardcore (film)
Penelope Spheeris, The Decline of Western Civilization (film)
Adam Small & Peter Stuart, Another State Of Mind (film)