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Expérience de la contre-culture Punk Hardcore
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Expérience de la contre-culture Punk Hardcore

Les meilleurs albums Punk Hardcore de la Californie

L'Etat de Californie, son soleil, ses villes incroyables, toutes ses richesses et sa Terre Sainte pour le Punk Hardcore : berceau du genre à la fin des années 1970 (cf. son récit), la Californie s'est imposée comme la locomotive durant l'âge d'or du Hardcore américain (première moitié des années 1980). Embarquons alors dans un voyage spatio-temporel pour découvrir ces meilleurs groupes et leurs disques qui ont bâti à tout jamais la légende du Punk Hardcore californien !
Los Angeles
Soleil couchant sur la Cité des Anges

LOS ANGELES

Ne croyant plus au rêve américain utopique, les jeunes de la périphérie de Los Angeles se sont réfugiés dans le Skate et le Punk américain / anglais qui nourrissaient petit à petit leur nihilisme.

1. Germs – (GI) (1979)

Comment ne pas évoquer l’album (GI) des Germs ? C’est déjà le tout premier album du genre au format LP, qui plus est contenant seize titres d’un Hardcore vraiment recherché et varié ! Un pur bonheur avec des compositions hyper rapides et vindicatives, d’autres y mariant de jolies mélodies ou une facette plus chaotique, des bien plus pesantes voire mêmes expérimentales…bref un sens inégalé de la création !

Germs c’est aussi un concept : les germes à l’initiation et la fin de tout, le cercle comme équation de la vie (uni comme un tout, indivisible), une image tellement subversive à devenir persona non grata dans la plupart des clubs, portée par son meneur-génie. En effet, Darby Crash était une plume exceptionnelle, doté d’une personnalité charismatique et fragile, un prophète-né avide de suprématie. Noyant son passé dans la défonce et obsédé par le fait d’entrer dans l’Histoire par la mort, il finira par se suicider par une overdose d’héroïne à l’âge de 22 ans.

(GI) trône allègrement d’après moi au sommet du Punk Hardcore américain, tant il a eu un impact musical et stylistique sur tout le Hardcore à venir ! Touchez aussi à la légende en visionnant le documentaire The Decline Of Western Civilization (1981) ou encore le film biographique What We Do Is Secret (2017).

Meilleurs titres : What We Do Is Secret, Communist Eyes, Richie Dagger’s Crime, American, Leather, Lexicon Devil, Media Blitz, The Other Newest One, Dragon Lady, The Slave.

 

2. Circle Jerks – Group Sex (1980)

Le voilà l’autre monstre sacré de Hermosa Beach : Circle Jerks, un super groupe monté en 1979 par le chanteur Keith Morris et le guitariste Greg Hetson, après avoir eu marre de leurs groupes respectifs (Black Flag, Redd Kross). Décision osée mais le résultat est à la hauteur puisqu’il s’agit d’une des formations les plus intenses qu’il ait existé et qui a produit l’un des disques pharaoniques du genre par le biais du label indépendant Frontier Records !

Group Sex est un classique qui vous emporte d’emblée par sa vitesse éclair puisque ses quatorze titres sont expédiés en quinze petites minutes, Deny Everything affichant par exemple tout juste vingt-huit secondes au compteur. L’album propose cette hargne et menace caractéristiques du Hardcore, toujours idéales pour l’engagement physique lors des concerts, mais sa touche « arty » – bohème, presque Pop, lui donne une personnalité et un charme tout à fait incomparables. Cet album coule littéralement de source tant toutes ses compositions restent en mémoire, faisant largement oublier que certaines ont été volées à leurs ex-groupes (ex : Wasted, I Don’t Care, World Up My Ass) !

Circle Jerks a par la suite produit le très bon Wild In The Streets (1982), avant de basculer sur un tempo mid-Rock paresseux puis finalement jeter l’éponge après une incartade ratée en territoire Crossover Metal.

Meilleurs titres : Deny Everything, Operation, Back Against The Wall, Wasted, Don’t Care, Live Fast Die Young, What’s Your Problem, Red Tape.

 

3. Black Flag – Damaged (1981)

Si vous êtes vraiment passionné de Punk Hardcore, vous avez assurément déjà entendu parlé de Black Flag. Le groupe a été formé à Hermosa Beach en 1976 par le guitariste Greg Ginn et le chanteur Keith Morris. Leur premier EP Nervous Breakdown (1979) fait partie des disques charnières, il est tout simplement le symbole et l’avènement de la contre-culture Hardcore.

En 1979, Keith Morris a quitté le groupe pour fonder les Circle Jerks et les chanteurs se succèderont pour tenter d’enregistrer un premier album. Finalement rien, les sessions avec Ron Reyes et Dez Cadena ont donné lieu respectivement aux bons EP Jealous Again (1980) et Six Pack (1981).

Mais à l’été 1981, alors que Black Flag débutait le morceau Clocked In lors d’un concert, un fan de dix-huit ans s’est emparé du micro et a assuré le show : il s’agissait du jeune Henry Rollins, originaire de Washington D.C. et beugleur chez State Of Alert. Une action osée qui allait changer le cours de sa vie et celle des Black Flag puisqu’il en deviendra le chanteur emblématique et pérenne.

De cette rencontre et collaboration est né Damaged, l’un des disques ultimes du Punk Hardcore, acclamé et reconnu unanimement par la presse et le public. Un album violent, matérialisé déjà sur son artwork iconique réalisé par le photographe Ed Colver. Musicalement aussi, on retrouve la charge sans concession, la patte unique et visionnaire de Greg Ginn (power chords, sons atonaux et teintes blues et jazz), soutenu par une section rythmique particulièrement féroce ! Et bien que les quinze titres aient été écrits avant l’arrivée de Rollins, difficile de croire que les paroles ne proviennent pas de son esprit torturé tant ses hurlements sont possédés, nous faisant passé du rire à l’effroi sur des sujets comme l’alcoolisme, le vandalisme, l’aliénation, l’ennui, la maladie mentale, etc.

Terriblement controversé, accusé de vouloir faire tomber la jeunesse américaine, il n’en reste pas moins un témoignage lucide de son époque qui a assis la réputation légendaire de Black Flag. Malheureusement à mon sens, les productions ultérieures jusqu’au split de 1986 et après la reformation de 2013 se sont orientées vers un son plus mature, davantage expérimental, explorant des contrées Post-Hardcore et même Sludge Metal.

Meilleurs titres : Rise Above, Six Pack, What I See, TV Party, Gimme Gimme Gimme, Depression, Padded Cell. 

 

4. Descendents – Milo Goes To College (1982)

Descendents a été de ces groupes pionniers et modèles, ouvrant la voie pour toutes les formations de Punk Hardcore mélodique et Surf-Pop-Skate Punk qui ont suivi. Originaires de Hermosa / Manhattan Beach et à peine âgés de quinze ans, ses membres ont démarré en 1978 avec un Punk Rock très mélodique avant d’évoluer vers le Punk Hardcore, finissant au bout d’un moment par mélanger les deux, créant de facto un sous-genre à part entière !

L’EP Fat sorti en 1981 est vraiment intéressant, mais le groupe prendra une toute autre dimension l’année suivante avec la sortie de l’album Milo Goes To College et ses quinze chansons d’amour impertinentes ou humoristiques déguisées en morceaux Hardcore ! Son offensive musicale, ses lignes mélodiques suaves et addictives, sa production détaillée et puissante au dessus du lot en font une œuvre intemporelle.

Descendents est toujours en activité, officiant sur un registre Punk Rock particulièrement mélodique, mais à mon goût moins percutant et marquant que ses premières œuvres.

Meilleurs titres : Myage, I’m Not A Loser, M-16, I’m Not A Punk, Suburban Home, Kabuki Girl, Marriage, Hope.

 

5. Youth Brigade – Sound & Fury (1982)

Dernier monument de Los Angeles : Youth Brigade, formé par les trois frères Stern en 1980. Avant même de parler musique, le combo hollywoodien s’est fait une place de choix en étant à l’origine du Better Youth Organization (BYO), un label de musique indépendant et une société de réservation de billets de concert. Aussi organisateur du fameux festival Youth Mouvement’82, le groupe s’est infiniment impliqué dans la scène Punk Hardcore, avec l’ambition que chacun, toute génération confondue, soit responsable de créer un monde meilleur !

Et tout cela se retrouve aussi dans leurs productions musicales, à commencer par leur tout premier album Sound & Fury. Les Stern déroulent leur Hardcore très engagé avec tout l’attirail du rocker mélodique, non sans rappeler leurs contemporains de Descendents. Tous ces hymnes Pop-Punk et cette bonne parole seront prêchés lors de la grande tournée nationale de concerts organisée avec Social Distortion, par ailleurs capturée dans le documentaire Another State Of Mind (1982).

En 1983, Youth Brigade sort un remarquable album à nouveau intitulé Sound & Fury, réenregistrant au passage quatre chansons. Les albums suivants n’atteindront malheureusement jamais ce niveau de qualité.

Meilleurs titres : Fight To Unite, The Circle, Boys In The Brigade, You Don’t Understand, Sound & Fury.

 


D’autres groupes et albums ont également participé à l’émergence du Punk Hardcore à Los Angeles :

  • Black Flag avec Nervous Breakdown (1978), Jealous Again (1980) et Six Pack (1981)
  • Bad Religion avec son EP éponyme (1981) et How Could Hell Be Any Worse? (1982), pionniers du Hardcore mélodique avant la bascule sur un registre Punk Rock
  • Descendents avec Fat E.P. (1981)
  • Wasted Youth avec son arme anti-Reagan simplement intitulée Reagan’s In (1981)
  • FEAR avec son très éclectique The Record (1982)
  • Circle Jerks avec Wild In The Streets (1982)
  • Channel 3, alias CH3, avec ses très Oi! CH3 (1981) et Fear Of Life (1982)
  • Angry Samoans avec son satirique Back From Samoa (1982)
  • RF7 avec Fall In (1982) et Weight Of The World (1982)
  • Stains, petits protégés de Black Flag, avec leur disque éponyme (1983)
  • Youth Brigade avec Sound & Fury, deuxième version (1983)
  • Decry avec ses ogives soniques Decry (1984) et Falling (1984)
  • Nip Drivers avec son original Destroy Whitey (1984)
  • The G.R.I.M. avec son puissant Getting Revenge In ‘Merica (1984)

 

 


ORANGE COUNTY

Le comté d’Orange et ses villes côtières voisines de Los Angeles ! Ici, on est loin des branchés d’Hollywood issus du milieu de l’art, les jeunes d’O.C. sont des purs produits du rêve américain qui a mal tourné à cause de la fracture familiale. Des allumés constituant une scène très créative et ultra-violente, d’où provient d’ailleurs le fameux violent dancing (autrefois appelé Huntington Beach Strut ou H.B. Strut).

6. True Sounds Of Liberty – T.S.O.L. (1981)

Bien qu’originaire de Long Beach (Los Angeles), True Sounds Of Liberty s’est rapidement installé à Huntington Beach. T.S.O.L. a émergé en 1978 des cendres de Vicious Circle, déjà notoire pour la démence et le chaos de leurs concerts, sous l’impulsion de surfeurs athlétiques vêtus de noir, vraie bande de voyous à la tête du groupe le plus dangereux du moment.

Pour autant, il faut avouer que leur EP éponyme est à écouter absolument ! En effet, les cinq titres sortis sur Posh Boy Records sont énergiques et sauvages comme il faut, dégoupillant un mécontentement radical à l’égard du gouvernement américain. L’EP a été encensé par la scène pour ses convictions politiques, marquant éternellement les esprits et aussi l’Histoire du Hardcore.

Toujours avec un coup d’avance, T.S.O.L. s’est distingué par sa capacité à lancer les tendances. Adepte du maquillage et chantant son amour des cadavres sur l’album très réussi Dance With Me (1981), le public les qualifiera de « goth » et se passionnera pour le nouveau courant musical Death Rock. Hélas dès 1982, le groupe finira par dérouter et finalement perdre ses fans au fil de ses albums de plus en plus expérimentaux et progressifs.

Meilleurs titres : Superficial Love, Abolish Government / Silent Majority, World War III.

 

7. Adolescents – Adolescents (1981)

Adolescents est fondé en 1980 à Fullerton à l’initiative du bassiste Steve Soto après qu’il ait quitté Agent Orange. Le groupe a vite gagné l’intérêt du public avec leur hit Amoeba apparu sur la compilation Rodney On The ROQ (Posh Boy Records).

Mais c’est avec leur album éponyme, autrement appelé The Blue Album et édité par le label indépendant Frontier Records, que le groupe a acquis ses lettres de noblesse, devenant l’un des premiers disques de Punk Hardcore le mieux distribué et vendu en Californie, après le Fresh Fruit For Rotting Vegetables des Dead Kennedys.

Son succès est dû à son idée, à son identité musicale inédite et visionnaire par rapport à ses comparses du moment : une attaque militante franche portée par un format Pop ! C’est un peu comme si la colère et la puissance de Black Flag ou des Germs rencontraient l’esprit et la créativité de la Pop britannique. Selon moi, on peut y voir le lien entre le Hardcore brut des débuts et la vague Hardcore mélodique à venir dès 1982 (Descendents, Bad Religion, Youth Brigade).

Bref un testament incroyable du style de la côté Ouest, où l’équilibre est simplement parfait tout au long des treize chansons, toutes plus uniques les unes que les autres et complètement mémorables. Ces gosses du « black hole » sont des artistes et musiciens hors-pair, combattant l’ignorance, le narcissisme et le matérialisme avec force.

Depuis, les choses ont hélas musicalement périclité, le groupe se tournant vers un Punk Rock des plus classiques sur tous ses albums ultérieurs. Salutations et gratitude Monsieur Soto d’avoir été à l’initiative de cette arme contre notre société inconsciente. Reposez en paix !

Meilleurs titres : I Hate Children, Who Is Who, L.A. Girl, Kids Of The Black Hole, Amoeba, Rip It Up, Creatures.

 

8. Suicidal Tendencies – Suicidal Tendencies (1983)

Formé en 1980 à Venice Beach, Suicidal Tendencies a toujours été identifié comme faisant partie de la scène d’Orange County, et surtout comme un groupe à part, clivant, innovant et précurseur sur bien des aspects.

Suicidal mené par Mike Muir, a intrigué déjà par l’image de gang qu’il véhiculait : un style arborant des bandanas façon « cholo », l’hyperviolence délibérée dont ils faisaient preuve lors des concerts, un lien plus ou moins prouvé avec des gangs tels que les Venice White Boyz et Venice 13. On est bien loin de l’unité de la scène prônée par leurs confrères !

Néanmoins, toutes ces polémiques ont permis à Suicidal de signer en 1983 avec Frontier Records et sortir leur premier album éponyme. Et quel album, puisqu’avec lui, le groupe a innové sur un nouveau terrain en mélangeant Punk et des éléments du Metal, leur valant ainsi d’être crédités comme influenceurs du Crossover Thrash Metal et de la vague Skate Punk !! Un album qui impressionne par sa vitesse et sa furie tirées du Punk, sa technicité et puissance inhérentes au Metal, ainsi que l’intelligence et l’humour de ses paroles traitant d’aliénation, de dépression et des politiques non conformistes.

Le succès est bien au rendez-vous, massif même : Suicidal est le premier groupe à vendre beaucoup d’albums, 200 000 quand Black Flag en vendait 60 000 à leur apogée ; la reconnaissance des lecteurs de Flipside qui l’élisent meilleur groupe et album de l’année 1983 ; le clip d’Institutionalized diffusé en boucle sur MTV, rarissime dans la scène qui rejetait à la base les médias de grande consommation. En résumé, ils ont introduit le Hardcore dans la conscience du grand public !

Les californiens, toujours en activité, ont par la suite renforcé toujours plus cette dimension métallique au fil de leurs nombreux albums, devenant un poids lourd de la scène Crossover Thrash. Je ne m’étendrai pas sur leurs projets parallèles boiteux tels que Cyco Miko, No Mercy ou Infectious Groove.

Meilleurs titres : I Shot The Devil, Subliminal, Won’t Fall In Love Today, Institutionalized, I Saw Your Mommy, I Want More.

 


D’autres groupes et albums ont également participé à l’émergence du Punk Hardcore à Orange County :

  • T.S.O.L avec Dance With Me (1981)
  • The Vandals avec son parodique Peace Thru Vandalism (1982)
  • Battalion Of Saints avec ses Fighting Boys (1982) et Second Coming (1984), mélange d’Anarcho Punk anglais et USHC

 

 


OXNARD

Toujours dans le sud de la Californie, cette municipalité à la culture Surf et Skate très prégnante a rapidement été infusée par le Punk tout droit venu de sa voisine Los Angeles. Cette association a engendré un mouvement dans le mouvement, au travers d’un collectif de groupes unis autour d’une bannière : le Nardcore, combinaison des termes Oxnard et Hardcore ! Principalement popularisé par le label Mystic Records, le Nardcore est devenu incontournable et en voici ses meilleurs ambassadeurs.

9. Agression – Don’t Be Mistaken (1983)

Agression s’est formé au début des années 1980 et fait partie des meilleurs représentants du Nardcore, mélangeant à merveille le Skate et le Punk (visez un peu la pochette d’album). Cela leur permettra de rejoindre Better Youth Organization, le collectif et label lancé par les trois frères de Youth Brigade, et de contribuer également à la mythique compilation Someone Got Their Head Kicked In !

Le groupe s’est rapidement démarqué par ses compositions usant d’une rythmique racée, rapide et agressive aux relents Thrash, incorporant le juste niveau de mélodie porté par un riffing accrocheur et des solos à l’arrachée, sans oublier l’incroyable performance vocale (les harmonies !) et le style unique de Mark Hickey.

Leur premier album Don’t Be Mistaken sorti sur BYO en est la meilleure preuve, avec ses quatorze titres taillés pour le skate et le pogo, et les positionnera parmi les meneurs de la première vague de groupes Skate Punk / Skatecore originaires de la Californie du Sud.

La suite sera plus chaotique avec un album éponyme sorti en 1985 hésitant trop entre Metal et Punk Hardcore, de nombreux changements de line-up et enfin la mort de deux fondateurs au début des années 2000.

Meilleurs titres : It Can Happen, Brain Bondage, Money Machine, No Mercy, Intense Energy, Locals Only, Insomnia,

 

10. Dr. Know – Plug-In Jesus (1984)

Dr. Know a une place particulière dans la scène Hardcore de Oxnard, pour la simple et bonne raison que le terme Nardcore a été créé par Ismael Hernandez, figure locale et bassiste fondateur du groupe.

Formé en 1981, le groupe a rapidement recruté le chanteur Brandon Cruz, un ex-enfant star de la télévision. De cette collaboration est né un premier album intitulé The Original Group, sorti et remarqué hélas qu’en 1987 pour des questions de droits suite à des dissensions internes qui aboutiront au départ de Cruz en 1983.

Finalement le guitariste fondateur Kyle Toucher a repris le micro et permis à Dr. Know de livrer en 1984 l’un des albums les plus importants de sa carrière et de la scène californienne : Plug-In Jesus sous la houlette de Ghetto-Way Records (division de Mystic Records). Il est l’aboutissement de la volonté initiale du groupe de sonner comme si Black Sabbath et Germs avaient fusionné et accouché d’un bébé, maléfique de préférence !

En effet, la progéniture a un penchant certain pour le Thrash, bien fulgurant, puissant et technique, se différentiant de ses voisins de Suicidal Tendencies par des compositions généralement un peu plus longues mais surtout des paroles bien noires à tendance horrifique ! Mystic les qualifiera d’ailleurs de groupe « hardcore speed-metal death », et le parallèle avec un tout autre jeune groupe californien prometteur est indéniable : Slayer, devenu depuis l’un des Big Four of Thrash Metal, et qui au passage a réalisé une reprise de Mr. Freeze sur l’album Undisputed Attitude (1996).

Depuis et au gré des changements de line-up, Dr. Know a poursuivi son aventure musicale sur un terrain toujours plus Thrash Metal perdant une partie de ses fans de la première heure. Qu’importe, c’est LE Nardcore par excellence !

Meilleurs titres : God Told Me To, Mr. Freeze, Circle Of Fear, Citizens Of The World, Fist Fun.

 

11. Ill Repute – What Happens Next (1984)

Ill Repute a vu le jour en 1981 sous l’impulsion du guitariste Tony Cortez, alias le « mayor of Nardcore – le grand maître du Nardcore ». Il est considéré par beaucoup comme le groupe ayant le plus utilisé et donc popularisé l’appellation Nardcore au milieu des années 1980, en témoigne l’homme aux phalanges tatouées sur l’artwork.

Après deux premières démos (1982) et un album Oxnard – Land Of No Toilets (1983) vraiment sympathiques, le combo a pondu What Happens Next, l’un des disques les plus marquants de la scène et du label Mystic Records.

Les onze titres se veulent vraiment rapides, disons même extrêmement rapides puisque la plupart gravitent autour de la minute…une démonstration bluffante de vitesse et de puissance que n’aurait pas renié la scène de Boston, mais les breakdowns, solos et quelques pointes de mélodie suffisent à nous faire sentir les rayons du soleil californien !

Par la suite, Ill Repute s’est tourné vers un son plus mélodique et Pop au fil de ses albums ultérieurs, hélas bien loin de ses débuts Punk Hardcore qui ont forgé sa réputation.

Meilleurs titres : Oxnard, What Happens Next, Don’t Get Used, Book And It’s Cover, Turn The Guns Around.

 

12. Stäläg 13 – In Control (1984)

Stäläg 13 a été de ces groupes ayant perpétué le message Straight Edge de Minor Threat, et ce bien avant la révolution massive Youth Crew Hardcore entamée au milieu des années 1980 par Youth Of Today (côté Est) ou encore Uniform Choice (Californie).

En Californie, le groupe a été le deuxième assumant ses positions Straight Edge après America’s Hardcore, puis suivi par Justice League. Et afficher ces valeurs à ce moment au beau milieu d’une scène de plus en plus violente revenait clairement à s’exposer sur la ligne de front ! Mais du chaos naît la lumière, pour preuve cet album des plus géniaux que nous a offert Stäläg 13.

Après un premier album éponyme (1983) prometteur, son successeur In Control sorti sur Upstart Records a influencé de nombreux groupes en scellant définitivement Skate, musique rapide et mélodique. Non il n’affiche pas la même identité musicale que ses pairs du Nardcore, mais cela n’en fait pas moins un album prenant de par sa production propre et puissante, le positivisme et la modernité de ses messages !

Le groupe tourne encore à l’heure actuelle avec une équipe remaniée, surfant et réinterprétant sans cesse les tubes de In Control.

Meilleurs titres : Conditioned, Black Stix / Silver Badge, Clean Up Your Act, Black And Gray, In Control.

 


D’autres groupes et albums ont également participé à l’émergence du Punk Hardcore à Oxnard :

  • Ill Repute avec ses deux demos (1982) et Land Of No Toilets (1983)
  • Stäläg 13 avec son disque éponyme (1983)
  • False Confession avec Out Of The Basement Demo (1983) et Left To Burn (1984), suintant le Hardcore noir et furieux
  • Rich Kids On LSD avec It’s A Beautiful Feeling! (1984) et Keep Laughing (1985), dans la pure tradition Nardcore
  • Scared Straight avec Born To Be Wild (1985) au Straight Edge efficace

 

 


LA BAIE DE SAN FRANCISCO

Direction le Nord de la Californie. Contrairement à Los Angeles, adepte de la loi et de l’ordre, la Bay Area a toujours été un terreau fertile pour des générations de sous-cultures et autres styles de vie alternatifs.
Idéal donc pour favoriser le développement de la scène Punk, qui fera émerger des pépites Hardcore emblématiques !

 

13. Dead Kennedys – Fresh Fruit For Rotting Vegetables (1980)

Impossible de parler Punk Hardcore californien et même américain sans évoquer les Dead Kennedys ! Formés en 1978 à la suite d’une petite annonce rédigée par le guitariste Raymond « East Bay Ray » Pepperell, ils sont de ces groupes ayant le plus contribué à ce que cette musique se répande autour du monde, avec la prétention forte d’établir une scène unie autour de bases communes.

Ces fondations ont été largement définies par le chanteur Eric Boucher, bien plus connu par son nom de scène Jello Biafra…Surement la plus grande star du Hardcore, un leader charismatique et homme de scène né, fin politicien (4ème aux élections de maire de San Francisco en 1979), visionnaire incendiaire et cible idéale des critiques, bref de quoi le propulser père de cette culture alternative bourgeonnante.

Après quelques singles, leur premier album Fresh Fruit For Rotting Vegetables devient le témoignage concret de l’univers fascinant et du génie sans borne du groupe ! On y retrouve la revendication forte d’indépendance et de culture « Do It Yourself » : le disque et les prochains ont été financés au travers du label Alternative Tentacles Records, créé conjointement entre Biafra et Greg Ginn, guitariste fondateur de leurs voisins sudistes Black Flag (tiens tiens, les mêmes valeurs !).

Puis les DK se démarquent aussi avec leurs paroles écrites au laser, prenant la forme d’un humour sarcastique et de satire corrosive à l’égard des questions politiques et sociales de cette époque. Le nom du groupe et du chanteur sont d’ailleurs la première expression de cette charge violente contre les problématiques en vigueur.

Enfin, le groupe sonne comme aucun autre auparavant, que ce soit sur le registre Punk Rock comme sur le balbutiant Hardcore : ici se joue une sorte de cirque musical vraiment fun et barré, mélangeant des influences Punk anglaises, Surf Rock, Rockabilly, Garage Rock, rythmes plus rentre-dedans, servant le chant tremblotant déluré et cynique de Biafra. De vrais musiciens avec une patte unique qui les rendront tout simplement emblématiques !

Plusieurs productions ont suivi par la suite, dont les excellentissimes In God We Trust, Inc. (1981) et Plastic Surgery Disasters (1982), mais la formation finira par lâcher l’affaire en 1986 après notamment des dissensions internes et un procès pour obscénité et pornographie (l’affiche Penis Landscape dans l’album Frankenchrist).

Meilleurs titres : Kill The Poor, When Ya Get Drafted, Let’s Lynch The Landlord, Your Emotions, Chemical Warfare, California Uber Alles, Stealing People’s Mail, Holiday In Cambodia.

 

14. Crucifix – Dehumanization (1983)

L’histoire de Crucifix a commencé par la rencontre des jeunes guitaristes Jimmy Crucifix (treize ans) et du chanteur Sothira Phen (quinze ans), né au Cambodge et réfugié avec sa famille lors de la prise du pouvoir par les Khmers Rouges ! Originaire de la voisine Berkeley et actif de 1980 à 1984, le groupe a certainement été le plus impressionnant de la scène nord-californienne.

Après deux premiers EP plutôt prometteurs, leur unique album Dehumanization les a propulsés au sommet par son attaque musicale franchement féroce et politisée, présentant et mélangeant les caractéristiques du D-Beat et de l’Anarcho-Punk anglais avec cette fine touche de radicalité américaine. Cette combinaison gagnante séduira sans surprise Corpus Christi Records, spin-off du label Anarcho-Punk anglais Crass Records !

Les quatorze titres sont forgés par l’idéologie anarchique et libertaire du collectif Punk anglais Crass, livrant une critique virulente à l’encontre de la guerre, de la violence, du pouvoir, de la destruction des droits et de la dignité humaine, etc. à tel point que Annihilation et son discours d’ouverture poignant est devenu iconique !

Cette profondeur et intensité du message est d’autant plus soutenue et décuplée par le chaos, la brutalité et l’urgence de la musique, dans un style très anglais à la Discharge et The Varukers : la basse lourde et agressive, la guitare-tronçonneuse et cette rythmique effrénée défouraillent tout au long des 23 minutes.

Une fois n’est pas coutume, le groupe s’est arrêté au meilleur de sa forme, influençant largement la génération et courant musical Crust Punk à venir.

Meilleurs titres : Annihilation, Skinned Alive, Prejudice, Another Mouth To Feed, Indochina, Three Miles To Oblivion, Death Toll, Blind Destruction, Rise And Fall.

 

15. The Faction – No Hidden Messages (1983) 

San Jose, à quelques encablures de San Francisco, possédait aussi sa scène Punk Hardcore. Son meilleur représentant était The Faction, formé en 1982 par une bande de skateurs accomplis dont le désormais légendaire professionnel Steve Caballero !

Ainsi, The Faction a été l’un des premiers groupes dont le mode de vie et la musique étaient centrés sur le Punk Rock et le skateboarding. Fort de cet ADN, ils sont considérés comme l’un des pionniers du Skatecore avec leurs deux premiers disques sortis en 1983 sur leur propre structure musicale IM Records : Yesterday Is Gone et No Hidden Messages dont il est question ici.

Un album qui a révélé la patte du groupe, mettant en avant une rythmique et un jeu de guitare aux arômes délicieux de Thrash Metal dans la veine de leurs confrères Agression, Suicidal Tendencies, RKL, Big Boys, JFA, Gang Green…de quoi contraster avec brio la voix claire d’adolescent de Gavin O’Brien, qui lui critique la politique en vigueur, les hippies, l’hyper-consommation et chante bien évidemment les louanges du skate !

Malheureusement et à la manière des sudistes de True Sounds Of Liberty, The Faction s’est par la suite orienté vers une musique plus lourde et noire.

Meilleurs titres : Being Watched, Lost In Space, Skate & Destroy, Change Of Pace, Why Save The Whales.

 


D’autres groupes et albums ont également participé à l’émergence du Punk Hardcore dans la Baie de San Francisco :

  • Dead Kennedys avec In God We Trust, Inc. (1981) et Plastic Surgery Disasters (1982)
  • Social Unrest avec les très énervés Making Room For Youth (1981) et Rat In A Maze (1982)
  • Sick Pleasure et Code Of Honor, partageant 3/4 des membres, avec le split Fight Or Die / Dolls Under Control (1982), What Are We Gonna Do? (1982) et Sick Pleasure (1983)
  • The Faction avec Yesterday Is Gone (1983)
  • Los Olvidados avec Listen To This!!! (1983), une autre bande-son dédiée au skate
  • Christ On Parade avec les Anarcho-Punk Sounds Of Nature (1985) et Isn’t Life A Dream? (1985)