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Expérience de la contre-culture Punk Hardcore
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Expérience de la contre-culture Punk Hardcore

Les sous-genres du Punk Hardcore

Le Punk Hardcore est un dérivé du Punk Rock, lui-même extension du Rock et on pourrait remonter ainsi ses origines encore plus loin. Fort d'un statut culte, il a été déterminant dans l'émergence de plusieurs genres de musique en dehors du Punk (Grunge, Rock alternatif, Thrash Metal, Sludge, etc.). Lui-même a survécu au poids des décennies en se scindant en sous-genres hybrides illustrant l'attrait de ses musiciens pour d'autres formes musicales. Voici la liste des styles de Punk Hardcore, leurs origines et leurs caractéristiques !
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Photo : Change, ©Dave Mandel

A date et à l’échelle du globe, les bases de données Rate Your Music et Discogs dénombrent pas moins de 40 000 enregistrements Punk Hardcore, la quasi-moitié provenant sans surprise des Etats-Unis. Un trésor musical prouvant que le genre est toujours bel et bien d’actualité grâce à sa capacité d’adaptation à nul autre pareil !

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Popularité du Punk Hardcore dans le temps (Rate Your Music)

1. Old School Hardcore

L’original, l’unique, le Hardcore des pionniers américains de la première moitié des années 1980 en réaction à la révolution Punk Rock et au contexte socio-politico-économique de Reagan. (Re)découvrez sa fascinante histoire dans cet article !

Il incarne le vrai esprit du Punk Rock, son noyau dur, plus rapide, plus puissant : des titres ultra-courts, le durcissement et la vitesse des rythmes, les accords simplistes et agressifs, la radicalisation du chant « shouté » et anti-Reagan, une production minimaliste. Plus que de la musique, il est une véritable contre-culture avec ses propres codes, son esthétique contestataire et Do It Yourself !

Aux Etats-Unis, les meilleurs artistes incluent Germs, Black Flag, Circle Jerks, Dead Kennedys, D.Y.S., Bad Brains, Minor Threat, Suicidal Tendencies, Negative Approach, Agnostic Front, 7 Seconds et bien d’autres encore à retrouver dans ce best of.

Par extension, cette appellation s’applique aussi à toutes les initiatives musicales similaires ayant émergé à travers le monde durant la première moitié des années 1980.

2. Modern Hardcore

Par convention, on préfèrera ce terme pour désigner tous les groupes intégrés au paysage Hardcore ultérieurement à cet âge d’or, réinterprétant avec respect les racines musicales originelles Old School.

3. Melodic Hardcore

Le Punk Hardcore mélodique s’est montré pour la première fois aux Etats-Unis en 1982. L’album Milo Goes To College des Descendents est considéré comme le tout premier prototype du genre, mettant en avant des vocalises très mélodieuses et préférant la technicité des riffs de guitare à l’agression pure.

Plus tard dans les années 1980, il s’est développé évidemment en Californie avec entre autres Bad Religion ainsi qu’à Washington D.C. avec notamment Dag Nasty ou Marginal Man jusqu’à briser les frontières avec le Pop Punk dès 1990. On parle alors du mouvement Skate Punk dont les meneurs sont NOFX, The Offspring, Pennywise, AFI jusqu’aux plus commerciaux Blink-182 et Sum 41.

4. UK82

Aussi appelé Real Punk ou No Future Punk, le UK82 qualifie la deuxième vague Punk Rock du Royaume-Uni circonscrite au début des années 1980, en réponse à celle menée par les Sex Pistols. Son nom provient d’une des chansons de l’album Troops Of Tomorrow (1982) de The Exploited.

En somme, c’est le pendant anglais du Hardcore américain à la différence près qu’il introduit une rythmique puissante et des guitares – basses très saturées rapatriées de la New Wave Of British Heavy Metal (Motörhead, Venom, Judas Priest, etc.). Une première dans l’Histoire que le Metal et le Punk fusionnaient, et cela bien avant même la naissance du mouvement Crossover Thrash. Aussi les paroles diffèrent, explorant l’imagerie noire de l’holocauste nucléaire et d’autres thèmes apocalyptiques en plus de l’opposition au Parti Conservateur de Margaret Thatcher.

Les groupes UK82 les plus importants de la période sont The Exploited, Charged G.B.H. et Discharge. Depuis 2010, l’Angleterre assiste à sa résurrection grâce à Violent Reaction, Arms Race, The Flex et tant d’autres constituant la New Wave Of British Hardcore.

5. Street Punk

Le Street Punk est aussi originaire du Royaume-Uni, sans surprise très proche du UK82 puisqu’il en reprend les bases et y associe les traits de la Oi! des années 1970 qui ont fait sa renommée : un penchant pour les mélodies accrocheuses du Punk Rock, des vocalises en chœur et en fête, des paroles vouées à la classe sociale, un look fashion avec des cheveux en crête colorée et flamboyante.

Le style mélodique mais agressif s’est rapidement développé dans les années 1980, conduit par des groupes tels que The Exploited, G.B.H. et Oi Polloi, tandis que des groupes modernes comme The Casualties sont restés fidèles au son et à l’esthétique.

6. D-Beat / Crust

Le D-Beat, nommé autrement Discore, Discrust ou encore Kängpunk, frère jumeau du Crust, fait référence à la déferlante de groupes vouant un culte immodéré à Discharge et imitant éternellement et inlassablement leur son si caractéristique : une version extrême du UK82 à l’influence Metal très prononcée, l’attache inconditionnelle au fameux Discharge Beat et des slogans minimalistes hurlés, anarchistes et antimilitaristes.

Une niche à l’échelle internationale, du Royaume-Uni bien sûr avec The Varukers, Warhound, Amebix ou Antisect jusqu’au Japon avec Disclose et G.I.S.M. en passant par les Etats-Unis avec Batallion Of Saints et Diatribe ou la Suède avec Anti Cimex et Mob 47 !

7. Crossover Thrash

Apparu au milieu des années 1980 aux Etats-Unis, le Crossover Thrash est le résultat de la fusion entre le Punk Hardcore alors en déchéance et le Thrash Metal se taillant la part du lion. Son appellation vient directement du nom de l’album Crossover des texans Dirty Rotten Imbeciles (1987) et son histoire est à découvrir dans cet article !

Il est facilement reconnaissable grâce à des titres plus longs dépassant allègrement les trois minutes, un riffing bien généreux et l’intégration de solos guitar-hero, de la puissance et des ralentissements de tempo avant de repartir de plus belle, une production métallique et des artworks très graphiques.

New York et la Californie ont encore été clés dans son développement jusqu’au début des années 1990, par exemple grâce à D.R.I., Stormtroopers Of Death, Agnostic Front, Crumbsuckers, Suicidal Tendencies, Cro-Mags, Excel ou Leeway à découvrir dans cette compilation. Depuis le genre a très nettement ralentit mais a le mérite de toujours exister.

8. Fastcore

Le Fastcore, également appelé Thrashcore, est l’une des formes les plus extrêmes du Punk Hardcore qui a connu ses balbutiements en 1982-1983.

Il se caractérise par des tempos ultra-rapides, des compositions très brèves à la structure minimaliste et l’usage fréquent de blast beats, technique de batterie exécutée à plus de 150 bpm créant un mur de son. Pratique inventée par les Dirty Rotten Imbeciles pour l’EP Dirty Rotten, elle a été reprise plus tard par les interprètes de Powerviolence, Grindcore et Metal extrême.

D.R.I., Corrosion Of Conformity, Deep Wound, Siege, F.U.’s, Adrenalin O.D., Die Kreuzen, Septic Death, Youth Korps, Deep Wound aux Etats-Unis ou encore Lärm aux Pays-Bas en sont les premiers instigateurs alors que le genre continue son chemin en toute modestie.

9. Powerviolence

Evolution du Fastcore, toujours plus violent, le Powerviolence a gagné en popularité à la fin des années 1980 et début 1990 en Californie. Le qualificatif a été imaginé par le guitariste Matt Domino d’Infest et mentionné par ailleurs sur le titre Hispanic Small Man Power (1992) de Man Is the Bastard.

Radicales à souhait, les compositions Powerviolence reprennent les plans initiaux du Punk Hardcore, avec la spécificité de s’amuser constamment des changements de rythme, entre concision éclair, agressivité (blast beats) du cousin Grindcore et lourdeur écrasante du Sludge Metal. Effet parpaing garanti !

Infest, Man Is the Bastard, Crossed Out, No Comment, Spazz, Dropdead sont les premiers promoteurs de cette mouvance extrême du Hardcore qui a su garder son rythme durant les décennies.

10. Grindcore

Le Grindcore a pris racine au milieu des années 1980, au Royaume-Uni tout comme aux Etats-Unis quand le Punk et le Metal ont commencé à se percuter. Version la plus extrême de leur fusion, il est reconnaissable par des titres courts, inférieurs à la minute ou de l’ordre de quelques secondes, une agressivité exacerbée et le chaos sonore prodiguée par une palette technique impressionnante.

Au menu, c’est la démonstration de blast beats et skank beats, de riffs de guitare sous-accordée ponctués de tremolos stridents, vocalises navigant entre hurlements hystériques et growls caverneux versant dans l’anti-establishment, l’anti-religieux, le gore ou l’imagerie sexuelle façon slashers !

Les précurseurs du genre sont Napalm Death et Repulsion, citant sans vergogne l’effet du Thrashcore américain avec en tête D.R.I., Cryptic Slaughter, Siege et Die Kreuzen. Depuis et à force de côtoyer spécifiquement le Death Metal et le Black Metal, il s’est encore extrêmisé pour devenir les charmants Mincecore, Cybergrind, Deathgrind et Goregrind !

11. Post-Hardcore

Le Post-Hardcore, « post » pour « après », a émergé aux Etats-Unis au milieu des années 1980, quand la scène en a eu marre de stagner et se limiter aux contraintes du Hardcore traditionnel.

Big Black, Hüsker Dü, Naked Raygun, Saccharine Trust ou encore Minutemen comptent parmi les explorateurs notables qui ont infusé des éléments expérimentaux du Noise Rock et mélodieux du Post-Punk.

Mais c’est à Washington D.C., l’un des berceaux du Hardcore originel, que la libération de l’expression musicale y a atteint un nouveau palier. Après les étincelles de Marginal Man et The Faith, le Revolution Summer représenté à l’été 1985 par Rites of Spring, Dag Nasty, Moss Icon et Embrace a ouvert la voix à l’Emocore : des arrangements plus longs, plus complexes, une empreinte mélodique et ce feeling palpable de tension, d’émotion et de mélancolie dans l’instrumentation, les vocalises et les paroles introspectives.

Depuis, il a connu une ascension fulgurante partout dans le monde, porté par une créativité sans borne et une ouverture à des styles comme le Dub, Funk, Jazz, Rock expérimental aboutissant à de nouvelles branches comme le Screamo, Sasscore ou Swancore.

12. Youth Crew Hardcore

Le Youth Crew est une sous-culture du Punk Hardcore établie au milieu des années 1980 par Youth Of Today, dans l’objectif de réunifier la scène en déperdition, réactiver l’esprit « old school » et redonner une virginité au Hardcore grâce au Straight Edge expliqué dans ce post.

Philosophiquement inspiré par les formations Straight Edge comme Minor Threat, 7Seconds ou encore SS Decontrol, il met une emphase toute particulière sur l’attitude positive et l’unité communautaire, transpirant dans ses paroles comme dans sa prestation musicale. Les titres sont généralement anthémiques, courts et passionnés, à l’équilibre idéal entre dynamisme et mélodie, faisant la part belle aux fameux breakdowns !

Les cas d’or ont brillé à New York et en Californie, incluant Youth Of Today, Uniform Choice, Gorilla Biscuits, Judge, Insted, Hard Stance, Chain Of Strength, Turning Point et tant d’autres depuis le fameux ’88 Youth Crew à dénicher dans cette toplist jusqu’à nos jours et au-delà des frontières.

13. Metalcore

Le Metalcore a démarré sa vie aux Etats-Unis, comme toujours en Californie et à New York, au début des années 1990 quand le Youth Crew Hardcore et le Crossover Thrash étaient en bout de course.

Comme son nom l’indique, il combine lui aussi Punk Hardcore et Metal, avec pour singularité de syncoper ses rythmes en usant de breakdowns brutaux propices au bonheur des « karateka-mosheurs » dans le pit, ainsi que d’une dissonance importante du riffing.

Graduellement au fil du temps, ses interprétations se sont largement diversifiées en appelant les esprits du Thrash, Death ou Groove Metal pour devenir in fine le visage du Hardcore au 21ème siècle avec, entre autres, les succès commerciaux du Melodic Metalcore et Deathcore.

Les thématiques abordées sont tout aussi distinctives avec pour certains le Vegan Straight Edge relaté dans cet article, pour d’autres plus personnelles en touchant aux émotions, aux rapports humains et même à l’idéologie religieuse (Holy Terror, Christian Hardcore).

La convention veut que le terme Metallic Hardcore soit réservé à la toute première vague Metalcore menée par Integrity, Merauder, Hatebreed, Biohazard, Converge, Earth Crisis, Strife, Outspoken ou encore Vegan Reich.

14. Beatdown Hardcore

Le Beatdown Hardcore, c’est le « Tough Guy Hardcore », par les gros durs pour les gros durs. Une spécialité qui a vu le jour dans le New York des années 1990, dont le nom provient de la chanson Nothing But A Beatdown (1994) de Bulldoze.

A ne pas confondre avec le Metalcore, bien qu’ils aient grandi ensemble au même endroit et partagent la même dimension métallique. En effet, le Beatdown n’est pas issu d’une fusion et son standard est rigoureux : l’attitude mauvais garçon, les paroles sur la rue, le crew et le lifestyle, les riffs en palm-mute gras comme un cochon, les breakdowns exagérés au possible reléguant le Death Metal en D2 et laissant place à des accélérations entraînantes et dansantes.

Bulldoze, Cold As Life, 25 Ta Life, Neglect ont ouvert la voie et inspiré d’autres groupes faisant perdurer le genre en marge.

15. Skacore

Le Skacore est né à la fin des années 1980, pratiquement au même moment que le Ska Punk. Ceux sont les bostoniens de The Mighty Mighty Bosstones qui ont été les premiers à apporter la touche de vitesse et d’intensité du Hardcore aux rythmes skank et cuivres du Ska Punk. Un peu plus tard, c’est au tour de Choking Victim de fonder le Crack Rock Steady, une version plus lourde du Skacore intégrant des composants Crust Punk.

Sa croissance a cependant très vite été entachée par le déclin de popularité du Ska Punk au milieu des années 1990 et occultée par l’avènement commercial du Hardcore mélodique et du Skate Punk, le confinant à un public ultra-niche.