Il m’arrive parfois d’avoir quelques trains de retard quant aux découvertes musicales. Il faut dire que Arm’s Reach fait partie de ces groupes très confidentiels et indépendants, pourtant bourrés de talents mais qui demandent de farfouiller dans les tréfonds de l’internet pour être dénichés ! Le combo originaire de l’Arizona existe depuis des années, mais sa discographie devient réellement intéressante dès 2017 (à la sortie de Rotten Earth), leur nouvel EP Fuel To My Hate trônant largement au sommet.
Rapidement, on constate que Arm’s Reach n’est pas un groupe positif, tant il s’efforce à mettre en évidence toute la noirceur de l’existence humaine. Le dégoût est un principe et une constance, qu’il soit à l’égard d’eux-mêmes, des extrémismes, de la police, du système carcéral, de la supercherie religieuse, de manière générale à l’égard de la vie et de l’humanité !
Oui c’est violent et radical, et oui attendez-vous à ce que cette rage et frustration infusent leur Punk Hardcore ! Difficile d’ailleurs de catégoriser leur musique, de nombreux ingrédients se percutant et se mélangeant savamment : on pense tantôt aux machines à danser des années 2000 enchainant parties two-steps, side-to-side et autres joyeuseries (Cruel Hand, Down To Nothing, No Warning, More To Pride…) ; on retrouve aussi la lourdeur et la rage désespérées que pouvaient dégager un Blacklisted ou un Trapped Under Ice ; enfin d’autrefois on distingue du bon vieux Crossover Thrash Metal au travers de tous ces solos inspirés ou encore de la façon dont Jairus Sturgeon maintient ses lignes de chant.
Fuel To My Hate est riche en souffre, ses sept chansons dépilées en quatorze minutes régaleront l’auditeur attiré par les ambiances suffocantes. Cela commence d’emblée avec Hard To Be Alive et son riffing incisif ô combien entêtant et son breakdown final au top. Citons aussi la chanson éponyme, une vieille âme flirtant en terre Powerviolence, dont l’attaque à la gorge impressionne par sa fulgurance et sa brutalité ! Enfin Hard To Survive assume fièrement ses origines Crossover et ferme la marche dans un mid-tempo militaire, noir et funéraire (merci le chant et les solos malsains).
Pour finir, que vous soyez nihiliste ou que vous ayez simplement besoin de déverser votre lassitude actuelle, jetez-vous sans retenue sur Arm’s Reach !